Les peintures de Caspar David Friedrich sont aujourd’hui des références du romantisme allemand. Cependant, le peintre n’a pas connu le succès toute sa vie et a longtemps été tourmenté par des deuils. Découvrez son parcours.

Des peintures caractéristiques
En 1818, Friedrich peint son œuvre la plus célèbre : Le Voyageur contemplant une mer de nuages, surnommé la “Joconde de Hambourg”. Comme toujours, la nature occupe une place centrale dans ce tableau avec un paysage brumeux. Face à lui, un homme, habillé élégamment, de manière pas adaptée par rapport au défi qui l’attend. Friedrich représente ainsi un être en quête de sens et de sa destinée, faite de nombreux défis.

Très pieux, Caspar David Friedrich, parsème ses toiles de symboles chrétiens, sans pour autant représenter Dieu. La nature devient alors le lieu de rencontre entre l’Homme et le divin. Comme il l’écrit :
« Le peintre ne doit pas peindre seulement ce qu’il voit en face de lui, mais aussi ce qu’il voit en lui. »
Friedrich, en représentant ses personnages de dos, ne cherche pas à éviter le portrait mais souhaite favoriser l’identification du spectateur. Chacun devient alors ces voyageurs perdus.
Une enfance sous le signe du dessin et du deuil
Né en 1774 à Greifswald, dans le nord de l’Allemagne, Caspar David Friedrich grandit dans une famille de commerçants aisés. Cependant, sa jeunesse, comme le reste de sa vie, sera marquée par de nombreux deuils. Alors qu’il n’a que sept ans, sa mère ainsi que plusieurs de ses frères et sœurs meurent. Le décès le plus marquant pour le peintre est celui de son frère Johann, qui meurt noyé en tentant de sauver Caspar de la noyade.
Très rapidement fasciné par le dessin, il suit des cours avec un professeur qui lui apprend les dessins de motifs, au contact de la nature. Cet intérêt pour la nature se confirme au Danemark, lorsqu’il étudie à l’Académie royale des Beaux-Arts de Copenhague, entre 1794 et 1798. Ces représentations de la nature seront présentes dans toutes ses œuvres.
Début de carrière sans succès
Afin de lancer sa carrière, l’Allemand s’installe à Dresde, épicentre de la culture, où il se fait principalement connaître comme dessinateur. Déjà, il est apprécié pour ses paysages. Il commence à fréquenter des intellectuels tels que Goethe, dont les théories sur la couleur l’influencent. Pour lui, le paysage est une expérience spirituelle :
“Le divin est partout, jusque dans le grain de sable”.
Le Moine au bord de la mer (1810) illustre parfaitement cette influence. En effet, un homme minuscule fait face à une mer sombre et un ciel infini. Avec cette toile, il rompt avec les codes traditionnels, faisant resurgir la grandeur de la nature et les défis qui attendent l’Homme.

Cependant, ce style nouveau peine à trouver son public, et Caspar David Friedrich entre dans une période de crises dépressives. Il envisage alors le suicide.
Les peintures de Caspar David Friedrich commencent à être reconnues
Néanmoins, à 30 ans, l’horizon s’éclaircit. Le peintre allemand remporte en effet le prix du concours de Weimar. Cela l’incite alors à passer du crayon au pinceau à partir de 1807, un choix décisif pour son succès. En effet, à partir de ce moment-là, certaines de ses toiles sont rachetées par le roi de Prusse et il est nommé académicien à Berlin et Dresde.
Malgré tout, il continue de peindre des projections de son intérieur blessé. La mort, la foi, la solitude sont régulièrement représentés comme dans L’abbaye dans une forêt de chênes (1809), où un cortège de moins accompagne un cercueil dans une forêt sombre. Certains y voient également une représentation des défaites de son pays face à Napoléon.

En 1818, il réalise Falaises de craie à Rügen, où trois personnages, dont l’un pourrait être un autoportrait, s’approchent du bord d’une falaise abrupte. Au loin, la mer se dessine, encore une métaphore des défis de l’Homme.

Fin de vie et reconnaissance tardive
Néanmoins le succès s’arrête vite. En effet, en 1835, Caspar David Friedrich est victime d’un AVC qui le paralyse et le force à moins produire. Son style passe rapidement de mode et, à sa mort en 1840, il est presque oublié.
L’œuvre de Caspar David Friedrich reste oubliée jusqu’au XXème siècle, quand les nazis tentent effectivement de s’en servir comme symbole de l’art germanique. Cependant, en 1974, pour le bicentenaire de sa naissance une exposition, des deux côtés du mur de Berlin (à Hambourg et Dresde). Grâce à ce geste fort, il est véritablement réhabilité.
Aujourd’hui, Caspar David Friedrich est une icône du romantisme. Ses oeuvres continuent de refléter les quêtes et les défis d’une vie humaine. En 2025, une exposition lui sera consacré à l’Alte Nationalgalerie de Berlin. L’année passée, la Galerie d’Art de Hambourg avait également consacré une exposition aux peintures de Caspar David Friedrich.