Les œuvres de David Hockney sont actuellement exposées à la Fondation Louis Vuitton, une première en France depuis 8 ans. Plus de 400 œuvres, couvrant soixante ans de création retracent le parcours et l’adaptation perpétuelle de l’artiste britannique.
Depuis le 09 avril et jusqu’au 31 août 2025, les onze salles de la Fondation Louis Vuitton sont consacrées à l’exposition “David Hockney. Do remember they can’t cancel the spring”. Conçue par l’artiste lui-même, l’exposition rassemble plus de 400 œuvres, issues notamment de sa fondation et d’autres de prêts de collections privés.
« C’est la plus grande que j’aie jamais eue – les onze galeries de la Fondation Louis Vuitton ! Ça va être bien, je crois », confie Hockney dans le dossier de presse de l’exposition
« Quelques-unes de mes toutes dernières peintures, auxquelles je suis en train de travailler, y seront présentées », ajoute-t-il.
L’exposition, ouverte de 11h à 20h, pour un tarif de 0 à 32 euros suit une progression chronologique. En effet, on traverse les décennies comme on traverse les salles en découvrant l’évolution de l’artiste. De ses débuts académiques dans les années 1950, à un cœur d’exposition dédié aux 25 dernières années, on découvre l’ensemble des œuvres de David Hockney : des dessins à l’encre aux créations numériques.

L’exposition est en place depuis bientôt un mois et on peut déjà lire bon nombre d’avis positifs sur les réseaux sociaux de la Fondation Louis Vuitton :
- Des couleurs qui rendent joyeux, c’est tellement beau👏👏
- Exposition magnifique!! Un immense bravo!
- Quelle merveille toute cette création
- Mais que c’est beauuuuu 😍
Les débuts académiques
Né en 1937 à Bradford, dans une famille modeste de 5 enfants, Hockney se consacre dès son plus jeune âge à l’art. Il étudie ainsi les beaux-arts entre 1953 et 56 dans sa ville natale. Dans le même temps, il peint ses premiers portraits avec notamment Portrait of my Father (1955), œuvre dans laquelle il opte pour une palette sombre qu’il délaissera très vite pour une oeuvre solaire. Le préambule de l’exposition est ainsi consacré à ces premières années de production.

Après ces premières années d’étude, il intègre le prestigieux Royal College of Art de Londres en 1959. Le jeune peintre découvre alors la rétrospective Pablo Picasso à la Tate Gallery. Ce moment est pour lui une révélation, il affirme :
“Picasso pouvait maîtriser tous les styles. La leçon que j’en tire c’est que l’on doit les utiliser tous”.
Une maxime qu’il appliquera tout le reste de sa carrière avec des formes, des outils et des thèmes très variés.
Les oeuvres de David Hockney : inspiration californienne
En 1964, David Hockney quitte l’Angleterre pour les États-Unis et la Californie. Une région qui l’inspirera dans beaucoup d’œuvres. En effet, il y découvre de nouveaux paysages, de nouvelles lumières et un nouveau mode de vie. Il s’inscrit alors comme un chroniqueur de cette vie “cool”. Le peintre anglais troque alors la peinture à l’huile pour l’acrylique et le rouleau. De cette expérience américaine découle la série la plus iconique du peintre : les Pool Paintings, donc le célèbre tableau A Bigger Splash (1967), exposé à la Fondation Louis Vuitton, qui lui apportera une reconnaissance internationale.

Des portraits de l’âme humaine
De plus, David Hockney se lance, comme à ses débuts dans une production de portraits. Cependant, ces portraits mettent en scène deux personnages. Au travers de ces tableaux, inspirés par des magazines homo-érotiques comme Physique Pictorial, il explore la sensualité et la figure masculine. Les œuvres les plus connues dans ce style sont certainement Mr and Mrs Clark and Percy (1970-71) ou Henry Geldzahler and Christopher Scott (1969).

En peignant ses amis, ses proches ou ses amants, il s’intéresse également à la relation psychologique entre les sujets. Comme Edward Hopper, qu’il admire, Hockney parvient à capter les silences au travers des visages et des postures de ses personnages.
Un renouveau après une impasse artistique
Au début des années 1970, David Hockney, avoue se sentir dans une impasse artistique et cherche un nouveau souffle. C’est pourquoi il se tourne vers la photographie, en inventant les joiners, des assemblages d’images prises sous plusieurs angles.
C’est comme cela qu’il réinterprète le cubisme de Pablo Picasso. En effet, il approfondit sa réflexion sur la perspective classique et sur les moyens de s’en affranchir. Au début des années 1980, il intègre une perspective inversée dans des paysages enveloppants avec des points de fuite derrière le spectateur, pour donner une impression de mouvement.
Les années 1980 riment également avec nature dans les oeuvres de David Hockney. En effet, il va dépeindre les paysages américains comme dans A Bigger Grand Canyon (1998).
Coeur de l’exposition : l’oeuvre de David Hockney en constante évolution
Le cœur de l’exposition se concentre sur ces 25 dernières années et notamment de l’adaptation de l’artiste aux nouvelles technologies. En effet, David Hockney a toujours été avant-gardiste et un infatigable explorateur. C’est ainsi que, dès 1986, il utilise une photocopieuse couleur laser, pour lutter contre l’idée de l’obsolescence de la peinture.
Au début des années 2000, il se consacre encore aux paysages, cette fois en réalisant des panoramas grandioses du Yorkshire. Il réalise alors une toile sur un buisson d’aubépine et son explosion de couleurs au printemps avec May Blossom on the Roman Road (2009). D’abord à l’aquarelle et au fusain ses œuvres sont également générées grâce à de nouvelles technologies. Son tableau Bigger Trees near Water (2007) est réalisé grâce à des simulations par ordinateur.
Maître des nouvelles technologies
David Hockney, en tant que peintre novateur intéressé par tous les procédés de fabrication de l’image poursuit son utilisation des nouvelles technologies (comme les fax, les tablettes ou les ordinateurs). Aujourd’hui, il est l’un des artistes les plus à l’aise avec ces nouvelles technologies, bien qu’il reste grandement inspiré par des maîtres comme Cézannes, Monet ou Picasso. Ainsi, il leur rend hommage dans After Munch : Less is Known than People Think, un tableau qui revisite l’histoire de l’art avec des couleurs vibrantes.

Des confinements créatifs
En 2020, alors que la planète est confinée, David Hockney adresse un message d’espoir à l’humanité avec le tableau Do remember they can’t cancel the spring. Une représentation de trois jonquilles sous un ciel bleu devient le titre de l’exposition actuelle. La même année, il produira 220 œuvres pour 2020, inspiré par le réveil de la nature ou les lumières changeantes du jour.
En outre, alors qu’il vit en Normandie en 2021, il peint, avec sa tablette, une série de bouquets de fleurs inspirée de Matisse. Ces tableaux sont ensuite intégrés dans une seule et même toile où le peintre et son double contemplent cette création.
L’exposition se clôt sur un autoportrait saisissant, Play Within a Play Within a Play and Me with a Cigarette (2025). On y voit l’artiste, assis dans son jardin, parmi les jonquilles, en train de peindre cette même œuvre. Ce tableau est devenu l’affiche de l’exposition avant qu’elle soit interdite à cause de la cigarette visible.
Cette exposition à la Fondation Louis Vuitton permet de dresser un panorama des œuvres de David Hockney, de son adaptation et de son évolution. Aujourd’hui, il reste l’un des plus grands artistes figuratifs vivant, régulièrement exposé dans des musées prestigieux, à travers le monde. Maître des techniques académiques autant que numériques, il incarne une liberté artistique unique.