Les œuvres d’Hans Hartung sont des innovations majeures dans l’abstraction lyrique. L’artiste franco-allemand transformait en effet son vécu, marqué par la souffrance ou l’exil, en toile d’une énergie et d’une vitalité rare.
Un artiste novateur
Les œuvres d’Hans Hartung sont de véritables précurseurs dans l’abstraction et l’art libre. En effet, il délaisse peu à peu à la figuration au profit d’un nouveau langage, orienté vers l’aquarelle, fait de taches de couleurs et de lignes. Lorsqu’il était encore à l’école il réalisait déjà des créations, des prémices d’un futur style :
« J’avais la réputation de faire des taches. Je me cachais derrière mon pupitre”
Dès ses 20 ans, il compose des peintures abstraites, inspirées de ses observations, notamment du ciel et de l’orage qui le passionne.
Les œuvres d’Hans Hartung : rigueur et spontanéité
Il puise également son inspiration dans l’héritage de grands maîtres comme Rembrandt ou Goya qu’il admire. Ainsi, dans les œuvres d’Hans Hartung, on retrouve une forte tension entre rigueur et spontanéité. Ces multiples inspirations ont permis au peintre de ne s’affilier à aucun mouvement. Il crée ainsi une œuvre libre et singulière qui a traversé les décennies.
Les inspirations de Hartung sont très nombreuses : calligraphie orientale, musique classique mais également la nature. Ces éléments cohabitent dans des œuvres comme T1976-R1, où tout devient source de mouvement.

Des toiles en mouvement
Les peintures d’Hans Hartung sont de véritables actes physiques voire chorégraphiques. Ainsi, dès les années 1950, il intègre de nombreux gestes dans ses toiles, notamment au travers de traits grattés, projetés, brossés ; qui deviendront une signature. Ces gestes, fruit d’une longue réflexion captent l’instant d’un choc ou de l’intensité d’un mouvement suspendu comme dans T1956-9 ou T1954-15.

Les œuvres d’Hans Hartung : des expériences artistiques
Néanmoins, sa technique ne cesse d’évoluer puisqu’il commence à utiliser des outils industriels pour peindre en plus grand nombre et en plus grand format, marquant une nouvelle rupture avec les conventions traditionnelles. Ces expérimentations donnent naissance à des œuvres marquantes comme T1989-K49 dans laquelle la matière semble jaillir de la toile. L’artiste se libère ainsi de ses douleurs et de ses souvenirs de guerres, une façon de dire l’indicible.

Qui est Hans Hartung ?
Né le 21 septembre 1904 à Leipzig en Allemagne, Hans Hartung grandit dans une famille bourgeoise où l’art a une place centrale. Ainsi, sa mère lui transmet la passion de la musique qu’il gardera toute sa vie. Il est un enfant très inventif et habile de ses doigts et fabrique dès le plus jeune âge un télescope et un appareil photo.
Début et formation
La Première Guerre mondiale est un moment marquant de la vie du jeune homme. En effet, profondément affecté par ce conflit, il décide de peindre des scènes de guerre pour exprimer ce qu’il ne peut pas dire. Ces toiles constituent ses débuts dans l’art. Après l’obtention de son bac en 1924 il fréquente plusieurs écoles d’art réputées à travers l’Europe : à Leipzig, Dresde ou encore Paris jusqu’en 1928.
Dès 1931 une première exposition personnelle lui est consacrée à la galerie Kühl de Dresde.
Seconde guerre mondiale et exil
Cependant, en tant qu’artiste proche des communautés juives et des communistes, il est régulièrement mis à mal par la Gestapo et la montée du nazisme. L’artiste allemande décide alors de s’exiler d’abord en Espagne puis à Paris où il fait la rencontre d’artistes qui deviendront ses amis comme Jean Hélion ou le couple Delaunay.
À partir de ce moment-là, les premières marques de reconnaissance internationale apparaissent. En effet, les peintures d’Hans Hartung sont régulièrement achetées par des collectionneurs de renom comme l’Américain Albert Eugène Gallatin.
La Seconde Guerre met cependant la carrière de l’Allemand en pause. En effet, il refuse de servir son pays et s’engage ainsi dans la Légion étrangère. D’abord envoyé en Algérie il est dépité par la défaite française et s’installe clandestinement dans le Lot.
Cependant l’invasion allemande l’oblige à fuir vers l’Espagne où il sera fait prisonnier pendant plusieurs mois. À sa libération il se réengage dans la Légion et participe à la bataille des Vosges. Blessé, il doit rentrer et se faire amputer la jambe droite par deux fois.
Une carrière à succès
Ensuite, sa carrière reprend de plus belle puisqu’il devient plus productif afin de “reconnecter les circuits détruits”. Hans Hartung obtient la nationalité française en 1947 et expose à Paris la même année. L’artiste semble trouver un équilibre nouveau, entre douleur et vitalité, au travers d’œuvres comme T1947-12.

À partir du milieu des années 1950, les œuvres d’Hans Hartung sont reconnues internationalement. Ainsi, il remporte le Grand Prix de peinture de la Biennale de Venise. Ses tableaux séduisent à travers le monde, si bien qu’il entre au MoMA de New York. Il s’affirme ainsi comme l’un des rares artistes qui tire ses inspirations des deux côtés de l’Atlantique.
C’est également dans ces années-là que l’historien de l’art Will Grohmann le décrit comme un pionnier de l’art abstrait dans son livre Aquarelle 1922, référence aux premières œuvres de son ami
Hans Hartung organise son héritage
En 1969, une grande rétrospective lui est consacrée à Paris. À cette époque, Hartung s’installe à Antibes, où il conçoit une villa-atelier avec l’architecte Mario Jossa. Un lieu qui s’imposera comme un héritage personnel puisqu’il y installera ses archives et y écrira ses mémoires. Il continue ensuite d’exposer à travers le monde.
Fin de carrière moins heureuse
Les années 1980 sont plus compliquées pour l’artiste et surtout pour l’homme puisqu’il perd sa femme Eva en 1987. Profondément marqué par cette disparition, il se morfond dans une solitude de plus en plus radicale, où l’art est son seul exutoire.
Cependant, sa peinture garde sa vitalité et il continuera de produire jusqu’à sa mort. Son dernier tableau, T1989-N10 est achevé le 16 novembre 1989, quelques jours avant son décès. Avant de s’éteindre, il est également nommé grand officier de la Légion d’honneur, un ultime hommage.

Les œuvres d’Hans Hartung : reconnaissance grandissante
Depuis sa mort, le succès et la reconnaissance d’Hans Hartung n’ont jamais cessé. Ses œuvres sont exposées à travers le monde, et la Fondation Hartung-Bergman, installée dans sa villa d’Antibes, œuvre pour la conservation et la diffusion de ses travaux. En 2019, une rétrospective au Musée d’Art moderne de Paris avait attiré plus de 100 000 visiteurs, témoignage du succès d’un artiste unique.