Liu Bolin est l’artiste chinois surnommé « l’homme invisible » qui se fond dans le décor pour mieux révéler le monde. Formé à la sculpture, il transforme son corps en surface picturale et met en scène des camouflages sans retouche numérique, captés en photographie. Dans cet article, vous trouverez sa biographie express et sa technique de camouflage expliquée simplement. Vous découvrirez aussi les messages clés de son œuvre et les images iconiques de Hiding in the City. Nous donnons enfin des repères de prix sourcés, indiquons où voir ses expositions, et proposons des conseils concrets pour décorer votre intérieur avec ses photographies.
Qui est Liu Bolin ?
Liu Bolin est né en 1973 dans la province du Shandong. Sculpteur de formation, il est diplômé de la Central Academy of Fine Arts de Pékin en 2001. Il vit et travaille à Pékin. Ce photographe chinois de camouflage transforme son corps en surface picturale pour se fondre dans le décor. Son travail, entre performance et photographie, explore la tension entre individu et société.
Quelques repères chronologiques utiles
- 2005 : naissance de la série Hiding in the City après la démolition de son atelier.
- 2013 : conférence TED (« sniper’s technique »).
- 2015 : commande pour la campagne des Global Goals de l’ONU (17 objectifs) avec une image réalisée devant les 193 drapeaux.
Comment Liu Bolin s’inspire-t-il pour ses créations ?
Son point de départ est contextuel :
- la Chine post-Révolution culturelle,
- la transformation rapide des villes,
- la pression des symboles et des produits.
L’artiste choisit des lieux « chargés » (monuments, musées d’art, galeries, commerces) et y orchestre un camouflage qui en révèle les enjeux.
Comment fonctionne la technique de camouflage de ce photographe ?
Le processus est une performance, puis une photographie qui fixe la scène finale. Après avoir repéré un lieu « chargé », l’artiste établit une palette de couleurs, puis son équipe peint son corps et ses vêtements. Il ajuste ensuite l’alignement au millimètre, maintient la pose et déclenche la prise de vue. La fusion est obtenue sans manipulation numérique ; c’est un camouflage physique.
« J’utilise la technique d’un sniper »
A-t-il dit. L’alignement patient et la précision sont au cœur de son approche.
Quel est le message derrière ses performances et ses photos ?
Ses images mettent en scène l’effacement de l’individu face aux forces sociales :
- consommation,
- propagande,
- pouvoir,
- urbanisme,
- écologie.
L’invisibilité agit comme un signal. En effet, il disparaît pour mieux pointer ce qui nous engloutit (rayons de supermarché, symboles nationaux, architecture). Cette lecture est au cœur de sa rétrospective suisse de 2018–2019, qui rassemblait près de cinquante tirages monumentaux et des sculptures.
« Hiding in the City » : quelles images iconiques et laquelle est la plus connue ?
La série commence en 2005 lorsque l’artiste se camoufle dans les gravats de son atelier rasé. L’ADN est posé : se fondre dans des lieux à haute charge symbolique. Beaucoup d’images sont alors devenues virales, notamment :
- Supermarket – l’artiste disparaît dans les rayons d’un supermarché, critique de l’hyperconsommation (y compris une version réalisée à Pyongyang).
- Sites patrimoniaux – Grande Muraille, musées, galeries, kiosques à journaux.
- Espaces institutionnels – drapeaux des Nations Unies (Global Goals).
Ces jalons reviennent dans les catalogues d’expo et les pages de galeries.
Combien coûte une photographie de Liu Bolin aujourd’hui ?
Sur le marché primaire (galeries), les photographies en tirages pigmentaires (souvent 68 × 90 cm) s’échangent couramment entre 14 500 € et 17 000 € selon l’œuvre, l’édition et l’encadrement. Exemples visibles :
- HK Message Wall (2020), 68 × 90 cm : 14 500 €.
- Hiding in the City – Sleeping Lion (2018), 68 × 90 cm : 14 500 €.
- Hiding in the City – Paris n°14, Pharmacy (2013) : prix affiché 17 000 € (avec cas de remise à 15 300 € selon offre).
Côté éditions, on rencontre fréquemment 5 ou 8 exemplaires pour les grands formats, et des éditions plus larges pour des prints de collection (ex. Supermarket #3 édité à 800 ex.).
Conseils express : demandez certificat d’authenticité, vérifiez l’édition et l’état de surface (plexi/Diasec = reflets). Comparez également primaire (galerie) et secondaire (enchères) selon disponibilité. (Des fourchettes plus élevées s’observent pour des formats rares ou des images iconiques.)
Où voir ses expositions récentes et quelles institutions l’ont montré ?
En Suisse, Photo Elysée (Lausanne) a présenté la première rétrospective muséale du pays du 17 octobre 2018 au 27 janvier 2019. Le parcours mettait en regard politique, traditions, urbanisme et consumérisme.
En France, Rencontres d’Arles a programmé son travail parmi les grands rendez-vous de la photographie. Côté galeries, PARIS·B (ex-Galerie Paris-Beijing) et Danysz diffusent son œuvre en Europe.
Quelles collaborations et projets spéciaux ont élargi le langage de liu bolin ?
Entre studio et commandes, liu bolin articule photographie performative et image de marque. Chaque partenariat réactive sa méthode d’effacement et l’inscrit dans des dispositifs nouveaux, pensés pour le public.
- Global Goals (ONU, 2015) : image devant les 193 drapeaux. Message : visibilité des objectifs planétaires par l’invisibilité de l’individu.
- Jean Paul Gaultier : mode et trompe-l’œil. Dialogue avec les codes textiles, entre galeries et vitrines.
- Ruinart : patrimoine, histoire de l’art et nature morte “augmentée”.
- Ferrari : icône industrielle, couleur et vitesse comme motifs de camouflage.
- Carlos Cruz-Diez : rencontre avec l’abstraction et la couleur structurelle.
- JR / interventions urbaines : porosité avec le street art et l’espace public.
- TED (2013) : pédagogie du processus (“sniper”), mise en scène de la méthode.
Comment décorer son intérieur avec les œuvres de Liu Bolin ?
Les photographies de Liu Bolin s’apprécient mieux en vision frontale, surtout sous plexi. Pour les installer chez vous, voici l’essentiel à retenir :
- Choix du format : 68 × 90 cm fonctionne bien dans un salon ; les très grands formats demandent du recul.
- Lumière : privilégiez une lumière indirecte et des murs mats ; évitez les fenêtres en face des surfaces glossy.
- Encadrement : Diasec/plexi pour un rendu contemporain ; sinon cadre muséal avec verre anti-UV et antireflet.
- Placement : hauteur d’œil, espace respirant autour de l’œuvre, cohérence avec les peintures ou sculptures voisines.
- Assurance & doc : conservez facture, certificat et informations d’édition.
Des exemples et fiches d’œuvres disponibles confirment formats, éditions et supports.
Liu Bolin au-delà de la photo : 3D, bronze et pièces monumentales
Sculpteur à l’origine, l’artiste chinois déploie un versant 3D en bronze, acier, fibre de verre, jusqu’à des pièces monumentales (ex. séries Fist ou totems). Cette pratique éclaire la photographie. Le corps est pensé comme statuaire dans l’espace, puis « dissous » par la peinture.
Comment tenter un camouflage « à la manière de Liu Bolin » ?
Voici une initiation simplifiée au camouflage inspiré de Liu Bolin. Suivez-la pour saisir les principes, pas pour reproduire ses œuvres :
- Repérer un fond à motifs nets (étiquettes, briques, affiches).
- Cartographier lignes et jonctions (étagères, joints, lettres).
- Mixer la palette sur tissu/peau ; commencer par les aplats, finir aux traits fins.
- Éclairer de façon homogène pour éviter ombres dures et reflets.
- Positionner le corps comme une sculpture (profil, bras le long du motif).
- Déclencher une fois l’alignement « parfaitement imparfait » obtenu.
Cette logique correspond à ce que l’artiste décrit : une performance minutieuse, finalisée par la prise de vue.
