Les bâtiments de Jean Nouvel sont uniques et fascinent autant qu’ils divisent. Sa quête perpétuelle d’innovation et son refus d’un style unique font de lui un architecte sans égal, qui séduit à travers le monde.
Né en août 1945 à Fumel, dans le Lot-et-Garonne, Jean Nouvel grandit dans une famille d’enseignants. Ses parents le prédestinent ainsi à la même carrière. Cependant, contre leur avis, il décide de s’orienter vers l’art et surtout l’architecture, un projet qui convainc ses parents.
Jean Nouvel commence ainsi sa formation à l’École des Beaux-Arts de Bordeaux, puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Souhaitant se distinguer des architectes comme Le Corbusier, il prône des structures obliques pour s’adapter aux espaces urbains.
Un architecte militant et unique
En 1970, il fonde sa première agence avec François Seigneur. Très tôt, Nouvel milite pour un renouveau de l’art fonctionnel. C’est ainsi qu’il cofonde le mouvement “Mars 1976” qui s’oppose à l’héritage de la Charte d’Athènes. Plus tard, il crée le Syndicat d’architecture, en opposition avec l’Ordre des architectes. De plus, il est un organisateur du contre concours international d’aménagement des Halles de Paris et s’oppose à la destruction de l’usine Renault.
En outre, Jean Nouvel refuse de s’enfermer dans un style unique et personnel, il n’y a donc pas de style Nouvel. Pour lui, chaque projet doit s’inscrire dans son environnement naturel et dans son histoire. On peut tout de même relever les jeux de transparences et de lumières très présents dans ses constructions. Cette idée l’a ainsi conduit à explorer une grande diversité de formes et de matériaux.
Un succès international
La carrière de l’architecte débute dans le Périgord où il construit des écoles et des villas. Cependant, sa première œuvre remarquable, qui lui donne une reconnaissance nationale, est la maison Dick à Saint-André-les-Vergers en 1976. Celle-ci a obtenu le label architecture contemporaine remarquable en 2015.
Néanmoins, le premier bâtiment de Jean Nouvel reconnu internationalement est l’Institut du Monde Arabe en 1987. Le bâtiment a, dans un premier temps, été bien accueilli par la critique. Dans un second temps, les critiques se multiplient, notamment à propos des frais d’entretien. Cela illustre parfaitement le paradoxe de Jean Nouvel : un génie certes, mais peu pragmatique.
L’architecte est de plus en plus demandé à travers le monde et créé en quantité pharaonique :
- l’Opéra de Lyon (1993)
- la Fondation Cartier à Paris (1994)
- le Palais de la culture de Lucerne (1999)
- la Dentsu Tower à Tokyo (2002)
- la Tour Agbar à Barcelone (2005)
Ensuite, à la demande de Jacques Chirac, il est l’architecte du Musée du quai Branly (2006). Ce chantier fera beaucoup parler puisqu’il durera 11 ans et coûtera 235 millions d’euros, contre les 167 prévus, notamment en raison de fouilles archéologiques.
Les bâtiments de Jean Nouvel continuent de fasciner
Jean Nouvel recevra, en 2008, la plus haute distinction du milieu, le prix Pritzker pour : “sa recherche courageuse d’idées nouvelles et sa remise en cause des normes”. Une consécration qui ne réduit pas son rythme de production. Parmi ces derniers ouvrages les plus marquants, on peut citer le Louvre d’Abou Dhabi (2017), le Musée national du Qatar (2019) puis les Tours Duo à Paris (2022). Actuellement, l’architecte travaille sur un projet pharaonique d’hôtel de luxe dans le désert saoudien et dirige un cabinet de 150 collaborateurs à travers le monde.
Un architecte controversé
Cependant, derrière ces nombreux succès, se cachent de nombreuses critiques et controverses. Ainsi, en 2010, la presse s’interroge sur la maintenance de l’Institut du Monde Arabe. De plus, certaines fonctionnalités du bâtiment deviennent défectueuses. En outre, au mois de février le journal Libération a révélé de nombreuses malversations financières au sein des Ateliers Jean Nouvel. L’architecte est également souvent pointé du doigt pour ses collaborations avec des régimes autoritaires, notamment au Moyen-Orient. Nouvel se défend en expliquant : “je travaille à l’échelle des siècles, pour les peuples, pas pour une personne ponctuellement au pouvoir”.
En outre, il est un fervent dénonciateur de l’urbanisme contemporain. Il déclare ainsi : “nous assistons à la mort de l’architecture”. En effet, pour lui, les constructions actuelles produisent un saccage visuel et ont des conséquences désastreuses pour les habitants.
Jean Nouvel : un scénographe de renom
En parallèle de l’architecture, Jean Nouvel cultive une véritable passion pour la scénographie, depuis sa rencontre avec Jacques Le Marquet en 1976. Ainsi il participe à la mise en scène d’expositions comme Les Années 50 au Centre Pompidou, et image la muséographie du Quai Branly. En 2018, le Français est désigné à la tête du plan de sauvegarde de la Casbah d’Alger, un choix qui avait fait polémique.
Les bâtiments de Jean Nouvel continuent donc de fasciner, autant que de questionner. Entre génie créatif, engagement et controverses, son œuvre ne laisse jamais indifférent.