Les œuvres d’art de Arman ont changé notre façon de voir le banal. En transformant des objets du quotidien en sculptures poétiques et critiques, l’artiste français, pilier du Nouveau Réalisme, a créé un langage unique. Ses « Accumulations » de violons, de montres ou de tubes de peinture, tout comme ses « Colères » d’objets détruits, interrogent notre société de consommation avec une puissance qui résonne encore aujourd’hui.
Mais qui était vraiment Arman, au-delà de ses célèbres accumulations ? D’où venait son obsession pour les objets ? Quelle est la valeur de ses œuvres sur le marché en 2025, et comment son héritage perdure-t-il ? Au menu aujourd’hui : un décryptage complet de l’artiste qui voyait l’art là où d’autres ne voyaient que des rebuts.
Qui était Arman, l’artiste qui signait de son prénom ?
Derrière l’artiste se cache Armand Pierre Fernandez, né à Nice en 1928. Son amour pour les objets ne vient pas de nulle part : il grandit dans le magasin d’antiquités de son père. Cette familiarité précoce avec la matière et l’histoire des choses va infuser toute son œuvre.
Sa vie bascule en 1947 lors de sa rencontre avec un certain Yves Klein. Les deux hommes deviennent des amis inséparables et de futurs piliers du même mouvement artistique. C’est en 1957 qu’Armand Fernandez devient « Arman ». La légende dit qu’une erreur d’impression sur un catalogue lui fait « perdre » son « d ». Il décide de garder ce nom, plus court, comme un hommage à Vincent Van Gogh, qui signait ses toiles de son seul prénom. L’artiste Arman était né. Il s’éteindra à New York en 2005, après avoir obtenu la nationalité américaine en 1973.
Qu’est-ce que le « nouveau réalisme » et quel rôle Arman y a-t-il joué ?
Pour comprendre les œuvres d’art de Arman, il faut comprendre le Nouveau Réalisme. Ce mouvement est fondé officiellement en 1960 par le critique Pierre Restany. Autour de lui, on trouve Arman, Yves Klein, Jean Tinguely, ou encore Niki de Saint Phalle.
Leur idée ? Le monde est devenu une usine à objets. L’art ne doit plus être dans l’imitation, mais dans la présentation directe de cette nouvelle réalité. Comme le disait Restany, ils prônent un « nouveau réalisme » face à la société de consommation. Au lieu de peindre la société, ils vont utiliser ses objets et ses déchets. Arman y joue un rôle central : son « geste » (accumuler, couper, détruire, brûler) devient sa signature et l’une des expressions les plus fortes du mouvement.
Pierre Restany écrivait en 1961 :
« Arman est l’inventeur d’une archéologie du présent. »
— Manifeste du Nouveau Réalisme, 1961
Quelles sont les « Accumulations », les œuvres d’art de Arman les plus célèbres ?
L’Accumulation est sans doute la contribution la plus célèbre d’Arman. Le concept est simple : rassembler un grand nombre d’objets identiques ou similaires pour créer une œuvre.
En faisant cela, Arman critique la production de masse et l’obsolescence programmée. L’objet unique perd sa fonction pour devenir simple matière première sculpturale. On peut distinguer trois grandes familles d’accumulations :
- Les Accumulations dans une boîte : Souvent des boîtes en bois vitrées, elles contiennent les objets comme des reliques d’une société. Home Sweet Home (1960), une accumulation de masques à gaz, reste l’une des plus frappantes.
- Les Accumulations en Plexiglas : L’artiste fige les objets (pièces de monnaie, montres, tubes de peinture) dans de la résine ou du polyester. Le temps semble suspendu.
- Les Accumulations d’objets réels : L’artiste soude ou boulonne directement les objets entre eux, créant des structures parfois monumentales.
Les violons sont-ils les seuls objets des œuvres d’art de Arman ?
Non, loin de là. Si le violon est un motif récurrent (un souvenir de sa mère violoncelliste), la grammaire d’Arman est vaste. Sa logique n’est pas seulement d’accumuler, mais d’explorer l’objet sous toutes ses formes.
Les « Poubelles » : pourquoi Arman a-t-il exposé des déchets ?
Dès 1959, Arman crée ses Poubelles. Le concept est radical : il remplit des boîtes en verre transparent avec des déchets et des ordures ménagères. C’est une critique directe de la superficialité et du gaspillage de la « société d’abondance ». Andy Warhol, autre grand critique du consumérisme, aurait possédé deux Poubelles d’Arman, selon les archives de la Fondation Arman.
Les « Colères » : l’art de la destruction créatrice
Si accumuler est un geste, détruire en est un autre. À partir de 1961, Arman se met en Colère. Il détruit des objets, souvent des instruments de musique (pianos, violoncelles, violons), avant de réassembler les morceaux brisés sur un panneau ou un support.
Cet acte de « vandalisme conscient » (Conscious Vandalism, titre d’une performance à la Gibson Gallery, New York) illustre ce que l’artiste décrivait ainsi :
« Détruire, c’est révéler la vie cachée des objets. »
— Arman, Carnets d’atelier, 1963
Les « Coupes » et « Combustions » : l’objet disséqué et brûlé
L’exploration ne s’arrête pas là. Avec les Coupes, Arman dissèque l’objet (souvent un violon) pour en révéler l’intérieur, créant une séquence rythmique. Avec les Combustions, il va plus loin en brûlant partiellement les objets (Piano Flamboyant, 1966), explorant la transformation de la matière par le feu avant de fixer le résultat.
Œuvres d’art de Arman : où peut-on voir ses sculptures monumentales ?
L’art d’Arman ne s’est pas limité aux galeries. Il a aussi investi l’espace public avec des œuvres colossales.
- Long Term Parking (1982) : Située au Château de Montcel à Jouy-en-Josas, c’est sa sculpture la plus célèbre. Il s’agit d’une tour de 19 mètres de haut composée de 60 voitures réelles, figées dans 4 000 tonnes de béton.
- L’Heure de Tous (1985) : Les voyageurs de la Gare Saint-Lazare à Paris connaissent bien cette accumulation monumentale d’horloges en bronze.
- Hope for Peace (1990) : Érigée à Beyrouth, cette œuvre puissante est une accumulation de 78 véhicules militaires (chars, jeeps) pour célébrer la fin de la guerre civile au Liban.
Ces œuvres publiques font partie d’un ensemble de plus de 500 expositions personnelles, dont 77 en musées, selon les archives officielles Arman.
Quel prix pour une sculpture ou une œuvre d’art de Arman en 2025 ?
Plus de quinze ans après sa mort, Arman reste une figure incontournable du marché de l’art. Sa cote demeure soutenue, car son œuvre est considérée comme historique. Les prix varient énormément selon la taille, la période et la technique.
Voici un aperçu des estimations de prix pour les œuvres d’Arman en 2025 :
| Type d’œuvre | Fourchette de prix (2025) |
| Sérigraphies | 100 € – 2 000 € |
| Collages et techniques mixtes | 200 € – 8 000 € |
| Multiples et sculptures | 600 € – 700 000 € |
Selon les ventes aux enchères de janvier et février 2025 (Sotheby’s, Artcurial, et résultats compilés dans le rapport « Prix des œuvres de Arman en 2025 »), la cote de l’artiste reste solide, avec un intérêt marqué pour les œuvres des années 1960–1980.
Comment Arman s’inspire-t-il pour ses créations ?
L’inspiration d’Arman ne vient pas d’une muse éthérée, mais d’une « trinité » d’influences très concrètes.
- L’objet lui-même : C’est l’influence première. Son enfance passée dans le magasin d’antiquités de son père à Nice lui a donné une passion pour l’objet, sa patine, son histoire et sa « personnalité ».
- La philosophie de l’art : Arman est un héritier direct du « ready-made » de Marcel Duchamp. Il pousse la logique plus loin : si Duchamp choisit un objet, Arman, lui, choisit la quantité.
- La société : Son œuvre est une réaction directe à la société de consommation des « Trente Glorieuses ». Il est l’archéologue de son propre temps, archivant l’abondance, le gaspillage et la production de masse.
Arman voyait dans chaque objet « le prolongement de la main et de la mémoire humaine », selon ses entretiens d’atelier (années 1980).
L’art d’Arman est-il une affaire de famille ?
Oui, et cela perdure après sa mort. Sa veuve, Corice (Canton) Arman, dirige le Arman Studio Archives à New York. C’est une institution officielle chargée de la préservation, de l’étude et de la promotion de son œuvre.
Son fils Yves Arman (1964–1989) fut quant à lui collectionneur et marchand d’art, spécialiste de Marcel Duchamp et proche de Keith Haring. Son regard sur la création, façonné au contact des accumulations de son père, a contribué à maintenir vivante cette « archéologie du présent » chère à Arman.
Comment décorer son intérieur avec les œuvres d’art de Arman?
Intégrer une œuvre d’Arman chez soi peut sembler intimidant, mais il existe des options pour différents budgets.
- L’option accessible : Les sérigraphies et les multiples sont une excellente porte d’entrée. Comme vu plus haut, les estimations démarrent autour de 100€ à 300€ pour des sérigraphies. Les affiches d’exposition historiques sont aussi une option très décorative.
- L’option « statement » : Une pièce de taille moyenne, comme une petite accumulation de tubes de peinture ou un violon « Coupe », peut devenir le point focal d’un salon ou d’un bureau, apportant une touche historique et intellectuelle.
- L’inspiration (clin d’œil) : Sans vouloir copier l’artiste, on peut s’inspirer de sa logique. Une bibliothèque organisée par couleurs, une collection de vases ou de réveils anciens joliment disposée… c’est déjà un hommage à l’art de l’accumulation.
Comment reconnaître une véritable œuvre d’Arman ?
Reconnaître un Arman demande de l’œil, mais surtout de la méthode. Le style (accumulation, coupe, colère), les thèmes (instruments, objets manufacturés) et la signature de l’artiste sont des premiers indices.
Cependant, le point crucial est l’authentification. Le marché étant ce qu’il est, les faux existent. Une œuvre authentique d’Arman doit impérativement être répertoriée dans les archives de Madame Denyse Durand-Ruel, qui fait autorité en la matière. Sans ce certificat, la valeur de l’œuvre est quasi nulle.
Pour vendre une œuvre, deux options s’offrent à vous : la vente privée (rapide, discrète) ou la vente aux enchères (potentiellement plus lucrative, mais avec des frais). Dans les deux cas, passez par un professionnel ou une maison de vente reconnue.
Foire Aux Questions (FAQ) sur les œuvres d’art de Arman
Quelle est l’œuvre la plus connue d’Arman ?
C’est une question difficile. Les « Accumulations » sont sa signature la plus connue en tant que concept. Si l’on parle d’une œuvre unique, sa sculpture monumentale Long Term Parking (les voitures dans le béton) est probablement la plus célèbre et la plus spectaculaire.
Arman et Armand Fernandez, est-ce le même artiste ?
Oui, absolument. Armand Pierre Fernandez est son nom de naissance. Il a officiellement abandonné le « d » de son prénom en 1957 à la suite d’une coquille sur un catalogue, et a signé « Arman» tout le reste de sa carrière.
Quelle est la différence entre Arman et Yves Klein ?
Bien qu’ils aient été très amis et co-fondateurs du Nouveau Réalisme, leur art est très différent. Arman se concentrait sur le matériel : l’objet, l’accumulation, la matière. Yves Klein, lui, explorait l’immatériel : le vide, la spiritualité, et la couleur pure (notamment avec son fameux bleu IKB).
Comment faire authentifier une œuvre d’Arman ?
En consultant les archives Denyse Durand-Ruel ou le Arman Studio Archives à New York, les deux références officielles.
