Hope by Shepard Fairey : l’histoire secrète d’un poster culte

L’œuvre Hope by Shepard Fairey est instantanément reconnaissable. C’est bien plus qu’une simple image : c’est le portrait iconique de Barack Obama qui a défini l’esprit de sa campagne présidentielle en 2008. Réalisée par l’artiste de street art Shepard Fairey (alias Obey), cette affiche a tout changé, fusionnant l’art de rue et la politique de manière inédite.

Mais comment cette image est-elle passée de la rue au rang d’icône mondiale ? Dans cet article, nous allons décortiquer son histoire, sa technique, ses controverses et son héritage.

Qu’est-ce que l’affiche « Hope by Shepard Fairey » ?

Concrètement, l’affiche « Hope » est un portrait stylisé de Barack Obama, alors sénateur. L’œuvre utilise une palette de couleurs très limitée mais symbolique : rouge, beige (ou blanc cassé) et deux tons de bleu (clair et foncé). Le style rappelle la technique du pochoir, typique de l’artiste.

Au bas de l’image, le mot « HOPE » (Espoir) s’affiche en capitales. D’abord diffusée de manière sauvage début 2008, l’image est devenue virale avant même d’être adoptée officiellement par la campagne. Elle est aujourd’hui considérée comme l’une des images politiques les plus influentes de notre époque. Comme l’a résumé le New Yorker :

« The most efficacious American political illustration since “Uncle Sam Wants You” »

Comment cette affiche a-t-elle vu le jour en 2008 ?

L’histoire de « Hope » est un fascinant paradoxe. En effet, l’affiche n’est pas du tout une commande du Parti démocrate. Shepard Fairey, un artiste issu de la contre-culture punk rock, souhaitait simplement soutenir un candidat qui, selon lui, incarnait un véritable changement. Fait cocasse : l’artiste avait déjà été arrêté 14 fois pour affichage sauvage.

Il a donc créé une première version avec le mot « PROGRESS » (Progrès) et l’a diffusée lui-même. L’impact visuel fut immédiat.

Le succès viral de cette première version a rapidement attiré l’attention de l’équipe de campagne d’Obama. Flairant le potentiel de cette image « venue de la rue », ils ont contacté Fairey. C’est à leur suggestion que le mot « PROGRESS » fut remplacé par « HOPE », un terme central du discours d’Obama. L’affiche officielle était née.

Analyse technique et stylistique de « Hope » ?

Le génie de « Hope » réside dans sa fusion de références complexes en une image simple. Analysons-la point par point.

Une palette patriotique, mais « usée »  

Oui, les couleurs (rouge, blanc/beige, bleu) évoquent le drapeau américain. Pourtant, Fairey évite les teintes vives et saturées. Il opte pour un bleu pâle, un carmin « usé » et un fond beige qui rappelle un papier jauni. Ce choix subtil donne à l’affiche un aspect vintage, comme un objet déjà historique ou un « collector ».

La police « Gotham »: le choix de la solidité

Le choix de la police n’est pas anodin. Le Gotham, utilisé par toute la campagne, s’inspire des lettrages urbains et architecturaux de New York. Elle est décrite comme « masculine, fraîche et versatile ». Elle ancre le message dans une modernité américaine, urbaine et solide.

Le style : entre pochoir et propagande

La technique de Fairey décompose le visage en aplats de couleurs, rappelant le pochoir et la sérigraphie. C’est la signature du street art militant. Le regard d’Obama, tourné vers l’avenir, et la composition très contrastée évoquent aussi l’esthétique des affiches de propagande (du réalisme soviétique à Warhol), mais détournée pour un message d’espoir.

Pourquoi « Hope » a-t-elle déclenché une vive polémique ?

Mais le succès a un prix. L’affiche « Hope » a été assombrie par une bataille juridique majeure. En 2009, l’agence de presse Associated Press (AP) a poursuivi Shepard Fairey en justice.

La raison ? L’artiste avait utilisé sans autorisation une de leurs photographies comme base pour son œuvre. Cette photo originale avait été prise en 2006 par le photographe indépendant Mannie Garcia.

L’affaire s’est encore compliquée lorsque Fairey a admis avoir menti au tribunal. Pour sa défense, il avait d’abord prétendu utiliser une autre photo et avait même falsifié des documents. Finalement, il a reconnu son erreur et présenté des excuses publiques. L’affaire s’est conclue par un accord financier confidentiel en 2011, mais elle a ouvert un débat crucial sur le droit d’auteur et le « fair use » (usage équitable) à l’ère du remix.

Dans cette vidéo, l’artiste revient lui-même sur le conflit avec l’Associated Press et la question du fair use :

D’où Shepard Fairey puise-t-il son inspiration ?

Pour comprendre « Hope », il faut comprendre la philosophie « Obey » de l’artiste. Son inspiration est profondément ancrée dans la contre-culture, la sociologie et la musique.

L’expérience fondatrice « Andre the Giant has a posse »  

Tout commence en 1989. Alors étudiant, Fairey crée un sticker absurde à partir du visage du catcheur André Roussimoff (André le Géant), avec le slogan « Andre the Giant has a posse » (André le Géant a une bande). Il le colle partout. L’image n’a aucun sens, aucun but. C’est là qu’il découvre ce qu’il appelle la « phénoménologie » : en plaçant une image ambiguë dans la rue, il force le public à s’interroger. Chacun projette alors son propre sens dessus.

L’influence du film « They Live » (Invasion Los Angeles)

Un tournant majeur survient avec le film de science-fiction They Live de John Carpenter (1988). Dans ce film, des lunettes spéciales révèlent des messages subliminaux cachés partout : « OBEY » (Obéissez), « CONSUME » (Consommez). Immédiatement, Fairey adopte « OBEY » comme sa marque de fabrique. L’ironie ? En collant « OBEY » illégalement sur les murs, il incite à la désobéissance.

La musique comme moteur

L’esthétique de Fairey est aussi inséparable de son passé de DJ et de son amour pour la scène punk rock. L’énergie, l’urgence et le style « Do It Yourself » (Faites-le vous-même) du punk imprègnent tout son travail.

Dans cette interview vidéo, Shepard Fairey revient justement sur le lien entre sa campagne « Obey Giant » et la création du poster « Hope » :

Quel regard Shepard Fairey porte-t-il sur « Hope » aujourd’hui ?

Fairey entretient une relation complexe avec son œuvre la plus célèbre. Il en reconnaît le pouvoir, mais met en garde contre l’idolâtrie.

Une œuvre « virale » avant l’heure

Évidemment, le succès fut aussi financier. Lors de la mise en vente des premiers posters sur son site, Fairey a empoché 375 000 dollars en quelques minutes. Mais pour lui, l’essentiel est ailleurs. Comme il l’explique souvent, notamment sur sa chaîne YouTube « Obey Giant », l’œuvre a fonctionné parce qu’elle venait d’en bas (bottom-up) : de la rue vers la politique, et non l’inverse.

Les « enfants » de Hope : de « Nope » à « We the People »  

Fairey a continué d’utiliser son art comme un outil politique. L’œuvre « Hope » n’est pas restée isolée. L’artiste a réutilisé cette esthétique pour d’autres combats :

  • « NOPE » (2016) : Durant la campagne de Donald Trump, il crée une version « NOPE » (Non), reprenant la même esthétique mais pour un message de désenchantement.
  • « We the People » (2017) : Pour la « Women’s March » (Marche des Femmes), il lance cette série. Elle met en avant des visages de minorités (musulmane, afro-américaine, latino) pour rappeler les fondements inclusifs de l’Amérique.

Comment décorer son intérieur avec le « Hope by Shepard Fairey »   ?

Avoir une affiche « Hope » chez soi, c’est inviter un morceau d’histoire. Mais comment l’intégrer avec goût ?

Une pièce maîtresse, pas un simple poster

L’erreur serait de la traiter comme un simple poster. C’est une œuvre graphique forte. Il faut donc lui donner une place de choix : au-dessus d’un canapé, dans un bureau, ou dans une entrée où son message accueille les visiteurs.

Quel encadrement choisir ?

L’encadrement est crucial pour valoriser l’affiche. Voici quelques options :

  • Cadre noir fin : Le choix le plus courant. Il offre un look moderne, graphique et fait ressortir les couleurs.
  • Cadre blanc : Une option plus lumineuse, idéale si vos murs sont déjà colorés.
  • Bois naturel (chêne ou noyer) : Pour un style plus industriel ou mid-century, le bois apporte de la chaleur.

Associations et ambiance

L’affiche « Hope » s’intègre parfaitement dans des décors contemporains, urbains ou éclectiques. Elle s’associe très bien à d’autres pièces de street art (comme Banksy ou Kaws) pour créer un « gallery wall » (mur de cadres) engagé.

Pourquoi « hope by shepard fairey » parle-t-il encore à la génération TikTok ?

L’image a 15+ ans, mais elle continue de circuler. Plusieurs comptes Instagram d’art et de politique ressortent régulièrement l’affiche pour commenter l’actualité, ou pour comparer Hope à de nouvelles images de campagne, comme le poster « Forward » de Kamala Harris en 2024, également signé Fairey.

Sur TikTok et Instagram Reels, des vidéos pédagogiques expliquent la genèse du visuel, le procès avec l’AP et les parodies (« Yes we scan », « Nope », etc.).

Sur X et Instagram, on retrouve régulièrement des messages de fans qui qualifient encore le visuel d’ « affiche politique la plus iconique de l’histoire ». Cela prouve que le capital affectif de l’image reste intact.

Ce type de Reel, où l’on présente encore Shepard Fairey comme « l’artiste qui a créé le poster Obama Hope », montre à quel point l’image reste une référence pour les nouvelles audiences :

FAQ – Questions fréquentes sur « Hope by Shepard Fairey »  

Quelle est la fortune de Shepard Fairey ?

Bien que les chiffres exacts soient privés, la fortune de Shepard Fairey est estimée à plusieurs millions de dollars. Son succès ne vient pas seulement de « Hope », mais aussi de sa marque de vêtements « Obey », de ses nombreuses collaborations et de la vente de ses œuvres d’art.

L’affiche « Hope »   était-elle une commande officielle de Barack Obama ?

Non. C’est le point le plus important. Shepard Fairey l’a créée de sa propre initiative. Ce n’est qu’après son succès viral que l’équipe de campagne d’Obama l’a contacté et que l’œuvre est devenue une image officielle.

Où voir l’œuvre originale « Hope » ?

L’affiche « Hope »   a été imprimée à des milliers d’exemplaires. Cependant, la version originale (un collage unique au pochoir) a été acquise en 2009 par la National Portrait Gallery à Washington D.C., où elle est exposée.

Peut-on encore acheter une édition signée à prix raisonnable ?

Les prix varient beaucoup. Certaines sérigraphies ou paster prints signés circulent autour de quelques milliers d’euros. En outre, les œuvres uniques atteignent plusieurs dizaines de milliers de dollars en vente aux enchères

Quelle est la signification du mot « OBEY » chez Shepard Fairey ?

« Obey » (Obéissez) est une référence ironique au film They Live (1988). C’est une critique de la propagande et du consumérisme. En plaquant un ordre absurde dans la rue, Fairey incite le public à questionner toutes les formes d’autorité.

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